Le touraillage
Vertu de l'air chaud
Au cours de la germination, l'activité biologique du grain continue à se développer, et lorsque la production enzymatique et la modification de l'endosperme ont atteint leurs niveaux optimaux, cette activité doit être arrêtée.
Le touraillage consiste à faire passer de l'air chaud au travers de la couche de malt vert et de ramener l'humidité du malt de 40-45 % à une valeur inférieure à 5 %. La baisse du taux d'humidité limite les modifications du malt et facilite sa stabilité au cours du stockage, sans risque de contamination microbienne.
Outre la baisse de la teneur en humidité, le touraillage permet d'assurer un certain potentiel enzymatique et de développer les arômes et la couleur du malt. En effet, la couleur et les composés aromatiques du malt résultent des complexations chimiques et des réactions biochimiques intervenant pendant cette opération. La qualité de la bière finie dépend pour plusieurs raisons d'un contrôle strict du séchage et du « coup de feu ».
Température et effets
Le touraillage débute par des températures de l'air inférieures à 35°C, qui amènent l'humidité du grain de 45-47 % à une valeur de 20 %.
Durant cette phase, la respiration du grain se poursuit, le pouvoir diastasique augmente légèrement et les synthèses (sucres réducteurs, saccharose) accompagnées d'une diminution des réserves et d'un dégagement de dioxyde de carbone se poursuivent.
Le touraillage se prolonge par une température plus élevée comprise entre 45 et 55°C. Durant cette phase, l'embryon est détruit, mais l'activité enzymatique persiste. De nouveaux sucres apparaissent et le taux d'azote soluble s'accroît. Si la température et l'humidité sont suffisamment élevées, des sucres et des acides aminés s'accumulent. Ce mélange, provoque par réaction de Maillard, l'apparition de mélanoïdines colorées. La température du coup de feu varie selon le type de malt à produire.
L'augmentation de cette température de 75 à 95°C, résulte en une légère modification de l'extrait, de la viscosité du moût, une diminution du taux d'α-amylase et une augmentation du taux d'azote soluble et de la couleur du moût de malt. Au-delà de 60°C, les enzymes sont progressivement désactivées. Elles ne sont détruites que pour des températures dépassant 110-120°C ou pour une durée prolongée du coup de feu.
Les malts clairs, destinés à la fabrication des bières blondes, et les malts foncés, destinés à la fabrication des bières brunes subissent des touraillages d'intensité différente. La destruction enzymatique est moindre dans les malts clairs. Le touraillage ne se limite pas au blocage de l'activité des enzymes mais provoque également la coagulation des autres protéines, essentielle à la clarté de la bière. La quantité d'azote soluble (et par conséquent l'extrait) diminue donc légèrement.